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exil86m10
exil86m10
11 mars 2008

Chapitre 1 : l'épopée sauvage

22h35
Un homme vous dévisage d'un oeil torve. 1 mètre 90, costard noir et regard hautain.
- Sécurité de l'aéroport, assure-t-il.
Il observe, dédaigneux, votre attirail :
poussette, bagages, porte-bagages, sacs Leclerc recyclables remplis d'objets in-dis-pen-sables, sac de randonnée (au fait, pourquoi l'avez-vous emporté celui-là?) et ... votre mari, flanqué de vos deux têtes blondes débraillées. Le tableau est complet.
- ...Pfff…. Allez, passez. (
Il lève les yeux aux ciel)
air_calinVous sentez sourdre en vous une certaine anxiété teintée de jubilation. Tout quitter pour partir vivre 2 ans en Nouvelle-Calédonie...quelle idée avez-vous eu de jouer l'épouse parfaite qui suit son mari aventurier à l'autre bout du monde?
Le jour ou plutôt la nuit du départ, vous l'avez rêvée maintes fois. Vous avez imaginé tous les scénari possibles... mais cet homme décidément antipathique ne figurait dans aucun.
En guise de comité d'adieu, c'est un peu « léger ». Faut-il en déduire que cela n'augure rien de bon?
23h
Vient le moment d’embarquer. Les négociations s’annoncent difficiles :
- Non madame, vous ne pouvez pas emporter la poussette à bord,
interdit l’hôtesse, péremptoire.

- Mais où va dormir ma fille? Il s'agit tout de même de 10 h de vol; il est tard et il n’y a pas de siège pour elle dans l’avion et... protestez-vous.
Vous voilà déjà submergée alors que les 23 h de voyage commencent à peine. Il va falloir se ressaisir.
L’hôtesse est catégorique.

La seule solution consiste à fixer une «nacelle» de 30 cm sur 10 (non, vous n’exagérez JAMAIS) où votre petit «ange», 18 mois et ... un peu plus de 30 cm, devra trouver la place de s’allonger.

23h30 L’avion décolle.

Luttes, cris, pleurs. Vos «chers anges» font montre d’une IN-CROY-ABLE endurance.
Votre patience est mise à rude épreuve. Impuissante, vous laissez couler des larmes de découragement sur vos joues rebondies. A cet instant, une femme, voisine de quelques rangées, le genre maman bien intentionnée, (
toujours se méfier des mamans-bien-intentionnées) semble vouloir vous parler. avion_calinElle est accompagnée d’une autre, venue en renfort (genre mère «parfaite», regard compatissant et voix douceureuse) :
- Comment pouvons-nous vous aider? (
l'hôtesse a pris la fuite depuis maintenant deux bonnes heures) Avez-vous de l’Atarax ou du Primpéran pour vos petits? (substances censées assommer votre turbulente progéniture)
Vous pensez très fort:

- Dis-donc la grosse, j’y peux rien si mes mouflets ‘dorment pas. Tu retournes à ta place et tu la moules!!

Mais vous répondez, avec une superbe maîtrise de vous-même:

- Oh, je suis désolée de vous déranger. Je leur en ai déjà donné. Pardonnez-moi de vous importuner de la sorte.

Vous êtes déjà épuisée.

Suivent de longues heures d'âpre résistance et enfin...
2h du matin : l'héritier sombre, bouche ouverte et lèvre pendante. Du haut de ses deux ans et demi, vous ne pensiez pas qu'il aurait une telle énergie.

3(!) h du matin : après une dizaine d’invocations à la Bonne Mère, votre cadette plonge dans un sommeil agité.
Peu de temps après, vous entendez :
- Notre avion commence sa descente sur Tokyo.
Là vous jetez un regard mauvais sur l'Homme. I
ndifférent à vos malheurs, il vous a honteusement trompé dans les bras de « Morphée », tout le trajet durant. Et c'est, l'oeil vitreux que vous quittez l'appareil.Sept_2007_LIFOU_057
En transit, vous avez tout le loisir de visiter l’aéroport japonais. Le décalage horaire commence son long travail de sape. Votre estomac n’apprécie pas, mais alors, pas du tout... pendant que les enfants, de plus en plus gracieux, monopolisent votre attention comme personne. Pas la possibilité de s'appesantir sur vos circonvolutions gastriques. Jet lag...

Embarquement pour Nouméa, c’est de nouveau la nuit.
Nouvelle ambiance. La compagnie aérienne porte le doux nom d' «Air Calin» (tout un programme).
Votre fille dort (!!!). Les hôtesses sont Kanaks, Mélanésiennes et de superbes ibiscus ornent leurs cheveux. Vous vous dites tout-va-bien. Ca sent bon les îles!
C’était parler un peu vite. Vous ne fermez pas non plus l'oeil. Cette fois vos petits voisins qui, eux, ont dormi de Paris à Tokyo se croient obligés de prendre en charge l'animation. Un peu de Pimpéran???
Le cruel manque de sommeil, le décalage horaire, la sagesse exemplaire de vos bambins et autres agréments du voyage ont eu raison de votre optimisme. Vous atterrissez à Nouméa et marmonnez à votre tendre époux, avec une mauvaise foi certaine:
- Eh ben dis-donc, il commence bien ton super séjour familial.

 

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Commentaires
C
ma pauvre....<br /> je t'imagine bien tout le long du voyage. J'avoue que moi j'ai eu plus de chance, les miens ont dormi tout le long à l'aller comme au retour.<br /> Bon courage pour la suite.
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